24 décembre 1966, Saint Quentin, Picardie.
Il est 17 heures. Toute la journée j’ai guetté l’arrivée de la neige, et il ne neige toujours pas ! Ce n’est pas normal, quelque chose cloche !
J’ai 6 ans, j’attends fébrilement, derrière le carreau de la fenêtre du salon qui donne sur la rue, mes cousins et cousines qui vont arriver de Paris en voiture. Avec Minus leur chat gris.
Comme la neige, ils sont en retard. Je suis très inquiète.
C’est que depuis toujours, pour fêter Noël, il neige et nous sommes en famille. Dans ma tête d’enfant c’est une évidence, une certitude, il ne peut pas en être autrement !
Pour ce moment unique et attendu toute l’année, la maison se transforme en petite chaumière des mille et une nuits... Avec nos petits moyens, notre imagination et notre envie d’être heureux, nous illuminons la maison de paillettes et de dorures diverses. Maman cuisine beaucoup, Papa sort ses meilleurs vins. Nous autres, les six enfants, nous nous regroupons tous dans une des chambres de la maison, au premier étage, et nous élaborons plein de petites hypothèses quant aux cadeaux de toutes les tailles, multicolores, qui nous attendront le lendemain matin au pied du grand sapin. Un haut et vrai sapin qui perd ses aiguilles, pas un faux. Chacun de nous s’est habillé pour la circonstance, nous essayons d’être jolis et pimpants, comme les guirlandes. Nos parents s’entendent si bien, ils rient beaucoup et nous nous sentons en sécurité, comme dans un petit cocon, partageant les chocolats, les marrons
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glacés, les petits lits, les matelas, les couettes et les oreillers...
Les enfants décideront d’eux-mêmes de rejoindre leur petit lit le soir, pour pouvoir se lever le plus tôt possible le lendemain matin et foncer à l’ endroit magique. Jean François et Bernard, les plus petits, voudraient bien ne pas s’endormir pour surprendre le Père Noël en pleine distribution. (Ce qu’ils n’ont jamais réussi à faire, d’ailleurs). Pour ma part, hier, je suis descendue dans le garage, et j’ai vu, accroché au plafond, un petit vélo blanc que Papa était en train de repeindre en cachette. Curieux... Je n’ai rien dit.
Il est 19 heures. Après une si longue attente, toujours derrière mon petit carreau, il se passe quelque chose d’incroyable : Brusquement une neige dense, épaisse, se met à tomber à gros flocons, la rue devient blanche en quelques minutes, et au même instant des phares de voiture surgissent sur le trottoir. Ils arrivent ! Ils arrivent tous : la famille, le chat, la neige... Je savais bien ! C’était obligé !!! On va bientôt prendre l’apéro !!!
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